Ah, la Saint-Valentin et son éruption de sentiments passionnés, ses fleurs et ses dîners aux chandelles… Autant de cruels rappels aux âmes esseulées, aux accidentés sur la route de l’amour ou tout simplement aux misanthropes, qui prendront sûrement une RTT le jour de la Saint-Valentin pour éviter d’éprouver leurs petits cœurs chagrinés. À ceux-là, qui passeront cette journée dans leur pyjama en pilou pilou, les pieds bien au chaud dans leurs chaussons Droopy, à s’imposer un marathon télévisuel Le Journal de Bridget Jones 1 & 2 – Love Actually – The Holiday, nous dédions cette petite sélection d’« anti-love songs ». Ils pourront s’y défouler à gorge déployée à défaut d’envoyer des textos à leur ex qu’ils regretteront dès le lendemain.
Je suis venu te dire que je m’en vais, rendu célèbre par Serge Gainsbourg
Serge Gainsbourg maniait le sous-entendu et le double sens comme personne, le plus souvent au service d’une subversion savamment maquillée. Mais dans cette chanson, l’ambivalence se joue entre le premier degré de lecture, celui d’une poignante séparation où le narrateur oscille entre la résignation, la fermeté et la tendresse et le second, celui de l’évocation de sa propre mort. Le chanteur a en effet flirté avec elle en 1972, lors d’un premier infarctus, un an avant la publication de ce titre.
We Are Never Ever Getting Back Together, rendu célèbre par Taylor Swift
Apparu sur l’album « Red » de Taylor Swift en 2012, ce titre pop bubblegum, un tube instantané, s’écoulant à près de sept millions d’exemplaires dans le monde. La dynamique de la chanson et son énergie communicative sont au diapason des paroles qui enjoignent à ne pas se laisser manipuler par les sentiments.
Les Histoires de A., rendu célèbre par Les Rita Mitsouko
Il ne faut pas compter sur l’étalage de sentiments béats avec les Rita Mitsouko. Le duo rock alternatif constitué par Catherine Ringer et Fred Chichin a beau incarner l’amour et la complicité jusque dans leur passion commune, ils livrent une diatribe pleine d’humour contre l’amour. En partant du postulat que « les histoires d’amour finissent mal en général », ils étayent avec de courtes tranches de vie pathétiques, expédiées en deux ou trois vers chacune.
Don’t Think Twice, It’s Alright, rendu célèbre par Paul And Mary (Bob Dylan original)
L’un des nombreux classiques de la période folk de Bob Dylan est une mordante mise au point adressée à une ex-petite amie. De son écriture habile et poétique, il joue sur les sous-entendus tout au long de la chanson mais conclut sur cette invective pleine d’aigreur : “Je ne dis pas que tu m’as traité méchamment/Tu aurais pu faire mieux, mais peu importe/Tu m’as juste fait perdre de mon précieux temps/Mais n’y repense pas, tout va bien”.
Mon cœur, mon amour, rendu célèbre par Anaïs
En 2006, l’ancienne chanteuse des Opossum, Anaïs Croze, se fait connaître avec un premier album solo plein de dérision, The Cheap Show. Une chanson en particulier condense parfaitement son humour corrosif : « Mon cœur, mon amour ». Elle y étale tous les poncifs du genre, tous les petits surnoms et les petites manies pleines de mièvrerie des couples, pour s’en moquer sans vergogne, elle qui avoue être célibataire, à son grand dam. Une parfaite chanson sous-forme de contrepied pour les allergiques à la Saint-Valentin.
Love Hurts, rendu célèbre par Nazareth
Le cri déchirant de Dan McCafferty fend le voile cotonneux de la suite d'accords de guitare pleine de romantisme et d'affliction. Si, musicalement, ce titre imparable de 1975 respecte à la lettre les canons du slow, il n'invite pas à partager une danse lascive, tant le chanteur se morfond sur son triste sort, dénonçant la rudesse des sentiments amoureux.
Tu t'laisses aller , rendu célèbre par Charles Aznavour
Charles Aznavour a tant chanté et sublimé l’amour que cette chanson a de quoi choquer à première vue par la rudesse de son propos. Le narrateur, un homme lassé par le peu d’efforts fourni par sa femme pour maintenir la flamme entre eux, y dépeint tous ses travers avec un cynisme mordant, mais il retourne la situation en fin de chanson en lui donnant un tour tendre et plein d’espoir sur la survivance de leur amour. Le public français ne s’y trompe pas et le consacre numéro un des ventes en 1960.
I Hate Myself for Loving You, rendu célèbre par Joan Jett
La légendaire interprète de « I Love Rock’n Roll », signe avec ce « I Hate Myself for Loving You », un nouveau concentré d’énergie rock propulsé par un riff de guitare belliqueux, auquel a participé Mick Taylor des Rolling Stones. Ici, le dégoût envers le sentiment amoureux est partagé entre le coureur de jupons auquel elle est liée et la narratrice elle-même, qui s’en veut d’être si faible.